BACHALA Roger
La Gascogne, sa ruralité, ses chiens, sa chasse, sa gastronomie ont rythmé ma vie et par bien des facettes ont été ma raison d’être. Très jeune et pour être né dans leur giron, l’agriculture et la nature m’ont attiré ; de technicien agricole parcourant les champs de maïs pour une aide à la sélection j’ai eu ensuite la chance d’intégrer le service de promotion des produits régionaux à la Chambre d’Agriculture de Montauban et d’en devenir le responsable. Quoi de plus beau que d’avoir pu bénéficier d’une carrière au service de cette région qui m’est toujours très chère et dans laquelle j’ai fondé une famille. Parallèlement, et dès le premier âge, je pratiquai la chasse au chien courant avec l’équipage familial, mais très vite le Grand Bleu a fait partie de mon environnement dès lors que cette pratique m’est apparue comme tenant une place considérable dans notre patrimoine campagnard. La passion pour nos Chiens du Midi s’est alors approprié ma personne sans pour autant que m’apparaisse la nécessité manifeste de devoir préserver ces derniers d’une menace quelconque ; tant il était évident pour chaque Gascon-chasseur que ce « pur produit de notre terroir » ne pourrait jamais échapper à sa terre d’origine. J’allais déchanter un dimanche matin de décembre 1967 à l’occasion d’une Saint Hubert à Eauze : un ami éleveur de chiens Gascons me rapporta à ce moment l’ambition d’un « inconnu du nord » désirant créer un Club des Chiens du Midi. Mon sang ne fit qu’un tour et la création d’un Club, géré par des « gens de chez nous » et dont l’unique objet serait « les chiens courants de chez n o u s » d e v i n t p o u r m o i u n e q u a s i o b s e s s i o n et d’une telle urgence que les premières réunions eurent lieu dans les semaines suivantes et les Statuts déposés dès février 1968. Je découvrais alors la cynophilie et la place qu’elle réservait à l’utilisation, mais aussi avec l’aide des foires aux chiens locales qui me permettaient mes premiers pas dans le milieu de l’expertise. Professionnellement convaincu de la nécessité de la sélection tant dans le végétal que l’animal, j’intégrais cette notion dans l’un de mes premiers projets à concrétiser dans le court terme. Les débuts de notre association furent très discrets voire confidentiels, la nécessité et le but de notre action n’étaient pas forcément évidentes pour les chasseurs qui pour autant maintenaient les races par des échanges entre eux mais dont l’historique s’estompait rapidement en l’absence de recensement officiel Notre mission était donc de nous faire connaître en fréquentant les expositions canines et les épreuves de brevet de chasse afin d’inscrire un maximum de sujets et leurs performances au Livre des Origines Français. Les rapprochements successifs avec les Gascon-Saintongeois puis les Ariégeois ont permis d’abord de constituer la grande famille des « Chiens du Midi » mais aussi de lui donner un essor important. Les qualités intrinsèques de nos races, principalement finesse de nez et gorge, ont permis un développement constant sur la quasi-totalité du territoire national. Les succès rencontrés dans les diverses manifestations ont fortement contribué à cette évolution ; les adhérents étaient, à notre grande satisfaction, de plus en plus nombreux et nos Nationales ont eu un succès grandissant d’année en année. Aussi, ai-je eu le plaisir de voir arriver un grand nombre de jeunes éleveurs passionnés, tous désireux de s’investir à nos côtés. Après 25 années d’un labeur sans relâche, mais ô combien passionnant, au service indéfectible des Chiens du Midi, je laisse mon siège de Président dans la confiance et ma place au Comité avec l’espoir que ce groupe directionnel, maintenant rajeuni, continue notre action. Amélioration, promotion et surtout maintien et défense des valeurs originelles de nos magnifiques races, en rappelant à tous la devise de Gaston Phébus : « Tòca-i se gausas » ; « Touches-y si tu oses » disait-il haut et fort à tous ceux qui auraient eu l’intention ou simplement l’idée de dénaturer ces valeurs patrimoniales de Gascogne