DUMONT Anita

C’est dans ces années-là qu’Anita débuta l’élevage de bassets. Démarrant avec des Artésien
Normand (plusieurs de ses chiens furent champions en beauté), elle passa progressivement
aux Bleu de Gascogne car moins bagarreurs. Ils n’étaient pas nombreux à en élever à
cette époque, et le cheptel était plutôt réduit.
Sa première chienne fut Jolie du Mas Gauthier*, née en 1973 chez M. Vulvin, championne
aussi bien en beauté qu’en travail. Elle la fit couvrir par Lux du Mas Gauthier d’où naquirent
Nancy et Nemrod de La Petite Gloriette. Nancy fut championne en beauté et en travail,
Nemrod en beauté. Puis Nemrod couvrit Jolie sa mère donnant notamment Uneprune et
Urlane de La Petite Gloriette (championne en travail). Consanguinité certes, mais avec des
sujets excellents.
De là découle tout son travail d’élevage. Uneprune fut saillie deux fois : par Azur de
Jouan Lagarde à M. Lagarde, d’où sera issu notamment Diableur de La Petite Gloriette,
puis par César à M. Gibert d’où seront issues notamment Félines, Frileuse et
Fortune de La Petite Gloriette. Pratiquement tout ce petit monde fut champion en
beauté et évidemment breveté au lapin ou au lièvre. C’est avec ces chiens qu’elle
participa à la Coupe de France sur lapin et remporta le Trophée Bachala en 1996.
Dès lors, Anita n’a eu de cesse de mettre Diableur, chien exceptionnel, sur des
chiennes qui sont d’origine César (c’est sa tête qu’on retrouve sur les porcelaines du
Club, une référence). Toute son astuce était là, pas une saillie ne se faisait au hasard
mais était mûrement réfléchie en termes de lignées afin de capitaliser sur ces deux
origines issues d’Uneprune.
Le résultat fut gagnant, et plus spécialement dans les années 90 avec notamment Niçoise
et Navarre de la Petite Gloriette, Nevers, Niva et Noaille des Prés de Perce-neige, Luron
et Lorette du Bois de Caisnes… De nos jours, ces origines existent toujours chez certains
éleveurs qui doivent avoir compris l’intérêt de travailler sur ces lignées.
Nixon, Noaille, Niva des Prés de Perce-Neige et Diableur de La Petite Gloriette, Niçoise et
Navarre de La Petite Gloriette.
Car on y retrouve encore les qualités que cherchaient Anita et qu’elle réussit
à fixer. Et en tout premier lieu la noblesse, ses bassets devaient avoir de l’allure.
Ainsi elle favorisait ceux avec une longue encolure, ce qui outre le côté esthétique
leur assurait de la rapidité. Ensuite elle regardait la ligne de dos, le châssis du chien, qui devait être la
plus droite possible pour supporter la poitrine qu’elle ne voulait pas trop ronde mais développée en hauteur.
Azur de Jouan Lagarde
César
Le Bourget 97 :
Anita et Roger BACHALA
Peinture Anita 2001
12
Ses chiens avaient du coffre. Puis les pieds qui devaient être serrés, de lièvre, sans
doigts qui s’écartent.
En ce qui concerne la tête, outre les critères habituels, elle était très attentive à ce
que l’oeil soit bien foncé, et surtout que l’oreille se termine en V, signe distinctif de
nos courants français et plus particulièrement du midi.
Cet ensemble de critères donnait des chiens harmonieux,
aux antérieurs droits, plutôt légers, aux oreilles
longues, fines et bien papillotées. Des chiens typés.
J’ai bien connu ses chiens à la chasse. Outre de nombreuses
sorties communes, Anita m’en confiait régulièrement
que je couplais avec ceux de notre équipage au lapin. Des chiens qui aimaient
la chasse, qui criaient juste, souvent en tête, ils étaient d’un train rapide sans perdre en
application. Mais leur principale qualité était avant tout d’être très lanceur. Ce trait de
caractère provenait sûrement de la façon dont Anita chassait. Habituée des brevets, elle
savait qu’il fallait lancer vite pour faire des points. Aussi motivait-elle ses troupes dès
la sortie de la voiture, cela ne devait pas traîner. Il n’y avait pas de
musards qui profitaient du paysage sans risque de se faire reprendre.
Chacun devait fournir son lot de travail. Et elle avait l’oeil.
Tout au long de ces décennies dans la voie du Bleu de Gascogne, Anita aura réussi à élever ses
chiens avec caractère, avec sa vision de ce que peut être un Basset Bleu de Gascogne, aussi beau
que de fière allure, aussi bon que de grande prestance, avec un amour débordant pour ses petits
chiens qui était réciproque tant ils chassaient bien, pour elle.
Anita aura beaucoup apporté à notre chère race. Puissions-nous nous en inspirer.
Article écrit par A. Chaussonnière avec l’aimable collaboration de D. Boutet.
*Jolie du Mas Gauthier sera à l’origine de la création du « Trophée Jolie » qui récompensait tous les
ans le meilleur Basset Bleu de Gascogne en épreuve de Travail sur lapin ou lièvre.
Niçoise et Navarre
de la Petite Gloriette
Nevers des Prés de
Perce-Neige à 6 mois
Durane et Frileuse
de La Petite Gloriette
Hommage
AIMÉE VULVIN