Comment on sera un bon aide

Comment on sera un bon aide. Et puisqu’il est valet de chiens, je le veux promouvoir et faire aide et lui enseigner comment il sera bon aide comme il est bon valet de chiens. Toutefois je conseille qu’il ait pour cela l’âge de vingt ans, de sorte que toute sa vie il ait hanté, comme j’ai dit, les chiens, sauf les sept ans qu’il avait, quand je le fis page. Il convient donc premièrement que l’aide soit monté de deux chevaux au moins; et il doit aller en quête comme font les veneurs et valets que j’ai dits, accompagné d’un valet qui lui mène son limier. Et quand son limier rencontrera, le matin, il doit mettre pied à terre pour observer les signes que j’ai dits, bref quêter et détourner le cerf de la manière que j’ai dite à propos du valet de chiens, et il doit être revenu à l’assemblée le plus tôt possible, pourvu, toutefois, qu’il ait bien fait sa besogne. Et s’il ne peut faire sa volonté, il peut demeurer jusqu’au plein jour et s’en doit revenir à l’assemblée, qu’il l’ait faite ou non. Et s’il a détourné le cerf et qu’il doive laisser courre, et que son valet ne le sache encore parfaitement, il doit mettre pied à terre et faire la poursuite comme j’ai dit. Et quand il aura laissé courre, lui-même ou bien un autre, il doit aider à découpler les chiens et, si ses chiens demeuraient accouplés, aller au-devant d’eux et les découpler. Puis il doit s’arrêter un peu là où il aura laissé courre, pour écouter si les chiens se séparent ou vont tous d’un seul cri. Et si les chiens se séparent il doit prendre le vent et venir au-devant d’eux; et s’il voit qu’ils chassent le change, il les doit briser et menacer, comme j’ai dit plus haut, et les appeler et tirer au grand cri des autres qui chassent le droit. Et s’il voit que c’est son droit, il doit crier et corner chasse et laisser passer tous les chiens qui le chasseront. Puis qu’il se mette après et chevauche menée, c’est-à-dire sur la voie que suivent les chiens et le cerf, et qu’il agisse et chasse comme un veneur doit faire, ce que je dirai plus en détail, quand je parlerai du veneur. Et s’il y a des veneurs qui chassent leur droit, chaque fois qu’il entendra les chiens chasser en deux ou trois parties, il les doit briser et renvoyer au grand cri et à leur droit; toutefois il ne le doit pas faire avant de savoir ce qu’ils chassent, car il arrive souvent que deux ou quatre chiens emmènent leur droit et que toute la meute et les veneurs prennent le change. C’est pourquoi, avant de briser les chiens, il doit regarder s’ils chassent la folie ou le droit, et il doit faire ainsi tout le jour. Et si ces deux ou quatre chiens qui chassent leur droit venaient à proximité des relais, il doit les faire donner. Puis il doit chasser menée tout le jour, s’il y a pays par où il le puisse faire; sinon, le plus près qu’il pourra de ses chiens, prenant toujours le vent; et faire bien souvent brisées pendantes ou à terre, et partout où il pourra voir par terre, soit par passées de chemin, soit par autre terrain mou, il doit toujours regarder pour ne pas changer son droit, jusqu’à ce que le cerf soit pris. Et s’il l’a laissé courre, il le doit dépecer en la manière que j’ai dite. Et le cheval qu’il a mené en quête dès le matin, il doit l’envoyer au relais et chevaucher l’autre. Et s’il vient au relais il doit remonter sur le premier, afin que chacun des chevaux ait moins de peine. Les valets de chiens, aides et veneurs doivent tenir chacun son limier en sa chambre pour plusieurs raisons : d’abord ils sont plus propres et deviennent rogneux plus tard. Et plus le maître et son limier seront ensemble, plus ils sauront les habitudes l’un de l’autre, et mieux ils se connaîtront. Et il lui pourra enseigner à l’hôtel bien des choses qu’il ne ferait au bois : se coucher et se lever, manger et laisser sa nourriture, crier et se taire, aller au-devant et demeurer derrière et bien d’autres choses, pour le mettre en bonne confiance, crainte et amour. Et s’il est au chenil, ce sera tout le contraire, car il deviendra rogneux à cause du chenil et de la chaleur des autres chiens, ou il perdra les pieds. Et aussi il sera moins confiant et ne fera pas si bien la volonté de son maître, car il ne le hantera continuellement que lorsqu’il le sortira du chenil pour le mener au bois; puis il le ramènera au chenil. Qui veut bien dresser son limier le doit prendre et tenir avec lui dès l’âge d’un an et faire les autres choses dessus dites. Et s’il y a un cerf en parc ou apprivoisé, il le lui doit faire suivre de hautes et de bonnes erres. Et surtout au commencement, il doit lui apprendre à suivre de hautes erres, car toujours les chiens suivent volontiers de bonnes erres, et de hautes ils ne le font pas. Et s’il peut avoir à l’hôtel une tête des cerfs capturés, il la doit faire traîner, et celui qui la traînera doit aller tantôt en arrière, tantôt en avant en rusant. Et quand le chien aura tant suivi qu’il ait trouvé où l’on aura caché la tête, il doit lui faire grande fête et lui faire tirer la tête, ou lui donner de la chair cuite, s’il en a. Il peut aussi faire traîner de la chair. Vous devez savoir que plus un limier fait de poursuites, meilleur il devient. Mais un limier ne fait pas toujours les poursuites, car il arrive qu’un de ses compagnons détourne le cerf et fasse la poursuite; et une autre fois c’est un autre : quel que soit celui qui laisse courre, celui qui veut dresser son jeune chien doit suivre le limier qui fait la poursuite, non de près, mais d’assez loin; car l’un des deux hésiterait à cause de l’autre, surtout le jeune, qui aurait le désir et la volonté d’atteindre celui qui le précède et n’aurait point le coeur à sentir en terre. Il le doit donc tenir court, et, quand on aura laissé courre, il lui doit lui faire suivre quelque temps menée et chasser sur les chemins. Et s’il vient aux passées où le cerf sera passé, il le doit faire chasser un moment sur les chemins toutes les fois qu’il viendra aux passées. Et ainsi il se fera un bon limier, si l’animal est de bonne nature, et qu’il sache bien s’y prendre. Et quand l’aide sera revenu à l’hôtel, s’il y a quelque chose comme des oeufs de poule, ou un pâté, il doit manger un peu et boire une fois ou deux. Puis il doit aller voir ses chevaux et les faire vautrer et les frotter et satisfaire de tout ce qu’il pourra, lui et son valet, comme de bonne litière, de foin et d’avoine. Et s’ils ont eu mauvaise journée, surtout en hiver, il leur doit donner à boire de l’eau tiède mêlée de bonne farine de froment, puis s’en doit aller au chenil pour voir combien il manque de chiens et lesquels, et s’ils ont de l’eau fraîche, une bonne litière et du feu, s’ils sont mouillés ou qu’il fasse froid, et autres choses semblables, à leur convenance. Après il s’en doit revenir à son seigneur pour lui faire rapport des choses susdites. Et puis s’en doit aller souper et bien boire et enfin dormir; et le seigneur lui doit donner de sa nourriture, parce qu’il a bien fait son devoir.