Des maladies des chiens et leurs conditions chiens

Les chiens ont des maladies nombreuses et diverses, dont la plus grave est la rage. Il y en a neuf espèces dont je dirai une partie. La première s’appelle la rage enragée; les chiens qui sont enragés de cette rage, crient et hurlent à voix rauque et non pas comme ils avaient coutume de le faire étant sains. Quand ils se peuvent échapper, ils vont partout, mordant hommes et bêtes et tout ce qu’ils trouvent devant eux. Et leur morsure est très dangereuse, car ce qu’ils mordront ou saigneront échappera difficilement à la rage. Les premiers symptômes de la rage sont que le chien ne mange pas comme auparavant et qu’il mord les autres chiens en les flattant de la queue et en les flairant tout d’abord. Puis il lèche ses lèvres et souffle fortement du nez; il a l’oeil farouche; il regarde à ses côtés et fait comme s’il avait des mouches autour de lui, puis il crie. Et quand on observe ces signes, on le doit isoler pendant quatre jours, jusqu’à ce qu’on voie si la maladie se déclare ou si ce n’est rien; car il arrive parfois qu’on s’y trompe. Et quand le chien est enragé de l’une des neuf rages, nul ne l’en peut guérir, et la rage ne peut durer plus de neuf jours sans qu’il en meure. L’autre espèce de rage a les mêmes signes à son début que la rage dessus dite, sauf que l’animal ne mord ni homme ni bête autre que les chiens; sa morsure est aussi dangereuse que dans l’autre cas, et il va toujours çà et là sans s’arrêter. Cette rage s’appelle courante, et toutes ces deux rages susdites se prennent aux chiens avec qui les malades demeurent, à supposer même qu’ils ne les mordent point. L’autre s’appelle la rage muette et les malades ne courent ni ne mordent, mais ils ne veulent pas manger et ont un peu la gueule ouverte, comme s’ils avaient un os en la gueule, et ils bavent et meurent ainsi dans le délai susdit, sans faire autre mal; et certains disent que cela leur vient d’un ver qu’ils ont sous la langue, et vous trouverez peu de chiens qui ne l’aient. Et l’on dit aussi que si on leur enlevait ce ver, jamais les chiens n’enrageraient, mais je ne l’affirme pas. Il est bon toutefois de l’ôter, et on l’ôte de cette manière : on doit prendre le chien quand il a passé une demi-année, lui bien tenir les quatre pieds et lui mettre un bâton au travers de la bouche, afin qu’il ne puisse mordre, puis prendre la langue et le ver que vous trouverez sous la langue, fendre un peu la langue, puis passer une aiguille et du fil entre le ver et la langue et tirer le fil tout le long du ver. Et, bien qu’on l’appelle ver, ce n’est qu’une grosse veine que les chiens ont sous la langue; cette rage ne se prend pas aux autres chiens, ni aux hommes, ni à rien d’autre. L’autre rage s’appelle la rage chéante, parce que, quand ils veulent marcher, les chiens tombent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre et meurent ainsi dans ledit délai. Cette rage ne se prend point aux autres chiens, ni aux bêtes, ni aux hommes. L’autre espèce de rage s’appelle la rage efflanquée, car ils ont les flancs cousus comme s’ils n’avaient point mangé, ils poussent et battent violemment des flancs, ne veulent point manger et tiennent la tête et le regard bas. Et quand ils marchent, ils lèvent les pieds et vont en chancelant. Cette rage ne se prend ni aux chiens ni à autre chose, et ils meurent comme il est dit plus haut. L’autre rage s’appelle la rage endormie, parce qu’ils sont toujours couchés et font mine de dormir et meurent ainsi sans manger; cette rage aussi n’est point contagieuse. L’autre espèce de rage s’appelle la rage de tête (quoique toutes les rages soient de folie de tête et de chaleur de coeur), parce que la tête leur devient grosse et enflée, les yeux gros et enflés et qu’ils ne mangent point, et ils meurent ainsi. Et cette rage aussi ne se prend point. Et sachez que nul chien enragé de l’une de ces sept manières, de ma vie, je ne vis guérir. Toutefois, bien des gens croient qu’un chien est enragé, alors qu’il ne l’est pas. La meilleure façon de s’en assurer est de l’isoler des autres chiens et d’essayer, trois jours entiers de suite, s’il veut manger de la chair ou autre chose. Et s’il ne veut manger durant ces trois jours, tenez-le pour enragé. Les remèdes qui conviennent aux hommes ou aux bêtes qui sont mordus par des chiens enragés doivent être appliqués aussitôt, car, s’il s’écoule un jour entier, je n’oserai pas entreprendre de les guérir des deux rages que j’ai dites, car les autres rages ne sont point malfaisantes. Ces remèdes sont divers : les uns vont à la mer, et c’est bien petit remède, et font passer neuf fois les vagues sur celui qui a été mordu; les autres ont un coq et le plument autour du cul et le pendent par les pattes et par les ailes, puis ils mettent le trou du cul sur la plaie de la morsure et appuyent sur le cou et les épaules du coq, afin que le cul suce le venin de la morsure, et ils font ainsi longuement sur chacune des plaies, et si elles sont trop petites, ils les font ouvrir avec une lancette, et l’on dit, mais je ne l’affirme pas, que, si le chien était enragé, le coq enflera et mourra et le mordu guérira. Et si le coq ne meurt pas, c’est signe que le chien n’était point enragé. Il y a un autre remède qu’on peut faire : chauffer dans un jus de sel et de vinaigre des aulx forts pilés et criblés avec des orties, et les mettre tout chauds sur la morsure; ce remède est réellement bon, car je l’ai éprouvé. Et l’on doit le mettre chaque jour deux fois sur la morsure, aussi chaud qu’on le pourra souffrir, jusqu’à ce que la plaie soit assainie, ou au moins pendant neuf jours. Et il y a encore un remède meilleur que tous les autres : prenez des poireaux, des aulx et des ciboules, de la rue et des orties, et faites le tout hacher menu, puis mettez-le avec de l’huile d’olive, du vinaigre et du beurre dans une cuiller de fer sur le feu et tournez sur le feu avec une spatule. Prenez ensuite toutes lesdites herbes, si chaudes qu’on les pourra souffrir, et mettez-les sur la plaie deux fois par jour, jusqu’à ce que la plaie soit assainie, ou au moins pendant neuf jours; mais qu’on pose auparavant sur la plaie des ventouses appelées coupes, pour tirer le venin dehors et l’empêcher d’aller au coeur. Et si un chien est mordu par un autre chien enragé, il est bon de le piquer autour de la morsure avec un fer chaud. Les chiens aussi ont une autre maladie qui s’appelle rogne, et c’est parce qu’ils sont mélancoliques que la rogne leur advient volontiers. Il y a quatre espèces de rogne : l’une s’appelle vive rogne et le chien pèle et sa peau se crevasse, et il se fait le cuir gros et épais, et ce mal est très difficile à guérir, car s’il guérit, il revient volontiers. Le meilleur onguent qu’on puisse appliquer à cette rogne, bien que j’en puisse indiquer dix espèces, est le suivant : prenez six livres de miel, un quart de vert-de-gris, et que le miel soit tout d’abord fondu et mené au feu avec une spatule et qu’on le fasse refroidir, puis bouillir avec autant d’huile de noix que d’eau, dans laquelle aura bouilli une herbe qui s’appelle en latin elleborum, et en notre langage, valaire, et qui fait éternuer les gens; mêlez le tout sur le feu et menez bien à la spatule et puis laissez refroidir, et quand ce sera froid, oignez-en le chien près du feu ou au soleil, et gardez qu’il ne se lèche, car cela lui ferait mal; et, s’il ne guérit la première fois, recommencez de huit en huit jours jusqu’à ce qu’il soit guéri, car certainement il guérira. Et si vous voulez faire plus d’onguent, prenez plus des choses susdites à l’avenant, ou moins, si vous en voulez faire moins. L’autre espèce de rogne s’appelle rogne volante, car elle n’est pas par tout le corps et vient plus volontiers aux oreilles et à la tête du chien et aux jambes qu’en autre lieu; elle est vermeille et saute d’un lieu à l’autre comme le farcin. Cette espèce est encore plus difficile à guérir et, pour cette rogne, le meilleur onguent qu’on puisse faire, encore que j’en puisse faire de diverses manières, est celui-ci : prenez du vif-argent autant que vous voudrez faire d’onguent et mettez-en dans une écuelle avec le crachat et la salive de trois ou quatre hommes, tournez le tout dans l’écuelle avec les doigts, jusqu’à ce que le vif-argent soit liquide comme de l’eau; puis prenez autant de vert-de-gris pulvérisé que d’argent vif et mêlez-le avec ladite salive en tournant toujours avec les doigts comme devant, jusqu’à ce qu’il soit bien incorporé; puis prenez un gros morceau de vieux sain de porc, sans sel, ôtez-en la peau et mêlez-le dans l’écuelle susdite avec les choses susdites, et mêlez et pilez le tout longtemps; conservez-le ensuite et oignez-en le chien où il aura la rogne, mais pas ailleurs, et certainement il guérira. Cet onguent est réellement bon et non seulement pour la rogne, mais contre tics, chancres, fistules, farcins et autres maux vifs qui sont difficiles à soigner. Une autre rogne commune fait que le chien se gratte des pieds et des dents; elle se répand sur tout le corps. Et toutes ces espèces de rognes viennent aux chiens pour faire grands travaux et longues chasses ; et quand ils ont chaud et boivent des eaux impures qui leur corrompent le corps, et aussi quand ils chassent en mauvais pays d’ajoncs, d’épines ou de ronces, puis qu’ils passent une rivière ou qu’il pleut d’aventure sur eux : alors leur vient la rogne. Il leur vient aussi rogne de graisse, quand ils demeurent au chenil sans chasser et que le chenil est mal nettoyé, le fourrage et la paille mal renouvelés et l’eau mal fraîche, bref, quand les chiens sont mal tenus et gardés. Pour cette rogne commune, prenez la racine d’une herbe qui croît sur les murs des maisons qui s’appelle en latin yreos et en notre langage lirgue, taillez-la menu et faites-la bouillir dans l’eau. Puis mettez dedans parties égales d’huile de noix et d’eau, et quand elle sera bouillie, ôtez les herbes; ayez alors de la poix, du marc et de la résine, tant de l’un que de l’autre, bien pilés et pulvérisés, et jetez-les dans l’eau et dans l’huile dessusdites et tournez bien ensemble sur le feu avec une spatule; puis laissez refroidir et oignez le chien comme dessus. Les chiens ont aussi une maladie d’yeux, car il leur vient dessus une taie et une peau qui leur vient par un des bouts de l’oeil et s’appelle onglée, et ainsi ils deviennent borgnes, si on n’y prend garde. Certains leur mettent un collier d’orme, fait de feuilles et d’écorce et disent que, quand cela sera sec, l’onglée leur cherra; mais c’est un bien petit remède. Le vrai remède consiste à prendre du jus d’une herbe qui s’appelle éclaire ou chélidoine, mêlé à de la poudre de gingembre et de poivre, et d’en verser trois fois par jour dans l’oeil, en empêchant pendant quelque temps l’animal de se frotter ou de se gratter; on continuera ainsi pendant neuf jours et, si l’on constate que l’œil s’éclaircit, on continuera jusqu’à la guérison. Il est bon aussi d’y mettre de la même manière de la poudre de tutie, qu’on trouve aisément chez les apothicaires. Et si l’onglée est si épaisse et si durcie que malgré cela le chien ne puisse guérir, ayez une aiguille, pliez-la en son milieu pour qu’elle soit courbe, et prenez bien délicatement cette peau qui est sur l’oeil et tirez-la, puis coupez-la avec un rasoir; mais prenez bien garde que l’aiguille ne touche l’oeil. C’est une chose que les maréchaux savent bien faire, car l’onglée d’un chien s’enlève comme celle d’un cheval. Les chiens ont aussi une autre maladie dans les oreilles, qui leur vient d’un rhume de tête. Car ils se grattent tant du pied par derrière qu’ils s’infectent, que les oreilles jettent du pus et que parfois ils deviennent sourds. Prenez alors du vin tiède et un linge propre et, du bout du doigt, lavez-lui l’oreille trois ou quatre fois par jour. Puis, quand vous la lui aurez lavée, coulez dedans trois gouttes d’huile rosat avec trois autres gouttes d’huile de camomille tiède, le tout mêlé, et empêchez-le pendant quelque temps de se gratter ou frotter l’oreille, et continuez ainsi jusqu’à la guérison. Les chiens ont encore une autre maladie qui leur vient du rhume : c’est qu’ils ont la morve aux narines comme un cheval et ne peuvent rien sentir, et finalement certains en meurent. Faites bouillir du mastic et de l’encens bien pulvérisé dans de l’eau avec un produit qui s’appelle storax calamita, du lapda, de la camomille, du melilot, du romarin, du calament, de la nielle, de la rue, de la menthe et de la sauge, et faites tenir les narines du chien sur le pot où cela bouillira, afin qu’il reçoive la fumée par les narines, et maintenez-le ainsi longtemps, trois ou quatre fois par jour, jusqu’à ce qu’il soit guéri. Et ce remède vaut également pour le cheval quand il est morveux et pour l’homme quand il est fort enrhumé. Les chiens ont encore une autre maladie qui leur vient dans la gorge, ainsi qu’aux hommes; elle ne leur laisse pas avaler ce qu’ils mangent, et il arrive qu’ils le rejettent. Et parfois le mal est si fort qu’ils ne peuvent rien absorber et qu’ils meurent. La meilleure médecine qui soit est de les laisser aller partout où il leur plaira, et de leur laisser manger ce qu’ils voudront, car parfois les choses contraires profitent bien. Et quand on leur voudra donner à manger, qu’on leur donne de la chair taillée et piquée menu, mise en brouet ou en lait de chèvre ou de vache, peu à peu, afin qu’elle puisse passer sans peine, et qu’on ne leur en donne pas trop à la fois pour qu’ils la puissent mieux digérer. Le beurre aussi et les oeufs font grand bien. Ils se heurtent parfois la poitrine, les jambes ou les pieds, et quand il s’agit des jointures des épaules, des jambes, ou des pieds qu’ils ont mises hors de leur place, le meilleur remède est de les faire replacer par un homme qui bien le sache faire à leur droit, et de mettre dessus des étoupes imbibées de blanc d’oeuf, puis de laisser l’animal reposer jusqu’à sa guérison. Et, s’il y a fracture d’os, on doit redresser les deux parties le mieux qu’on pourra, l’une en face de l’autre, et lier le tout avec les susdites étoupes et quatre attelles bien fixées par-dessus, par-dessous et sur les côtés, afin que les os ne se puissent disjoindre, et changer l’appareil tous les trois jours. On fera boire au chien du jus d’une herbe qu’on appelle grande et petite consoude, mêlée à un brouet ou à ce qu’il mangera, car cela lui fera consolider les os. Les chiens se perdent aussi volontiers par les pieds, et si parfois ils les ont échauffés, prenez du vinaigre et de la suie de cheminée et lavez-leur-en les pieds chaque jour jusqu’à ce qu’ils soient guéris, et s’ils ont le dessous du pied froissé, pour avoir chassé dans une région pierreuse ou autre, prenez de l’eau avec du sel fin et lavez-leur-en les pieds le jour qu’ils auront chassé. Et s’ils ont chassé par mauvais pays d’ajoncs ou d’épines qui les aient frappés aux jambes ou aux pieds, lavez-leur les jambes avec du suif de mouton bouilli dans du vin et refroidi, en frottant à rebrousse-poil. Le mieux qu’on puisse faire pour empêcher les pieds des chiens de perdre leurs ongles est de ne pas les laisser trop reposer, car au repos ils perdent volontiers les ongles des pieds; aussi doit-on les faire chasser trois fois la semaine et au moins deux. Et, s’ils ont trop reposé, faites-leur raccourcir le bout des ongles avec des tenailles, avant qu’ils ne chassent, afin qu’ils ne se brisent pas en courant, s’ils sont trop longs. Même quand ils sont au repos, menez-les deux fois par jour s’ébattre à une demi-lieue sur le gravier d’une rivière, afin que leurs pieds s’endurcissent. Les chiens se refroidissent comme un cheval, quand ils ont trop couru et viennent tout chauds dans l’eau, ou demeurent en quelque lieu froid : ils sont alors saisis et ne veulent marcher ni manger. Il faut alors les faire saigner des quatre jambes, et aux jambes de derrière on doit les faire saigner à la partie extérieure d’une veine qui traverse par-dessus le jarret, car en cette jambe on voit clairement les veines en question; on fera de même aux pattes de devant et le chien sera guéri, et donnez-lui par jour une soupe ou quelque chose de réconfortant jusqu’au lendemain du troisième jour qui suivra la guérison. Les chiens ont aussi des maladies à la verge que l’on appelle fic, et de cela on les perd. On doit prendre le chien et le maintenir le ventre en l’air, après lui avoir lié les pieds et le museau. Et puis on doit prendre la verge par derrière, près des couillons, et la tirer en avant, tandis qu’un autre homme tire la peau de manière que toute la verge soit découverte. Et, quand elle sera sortie, on pourra lui enlever le fic avec les doigts ou les ongles, car si on le touchait du couteau on pourrait le blesser de telle façon que jamais plus il n’alignerait de lice; il faut ensuite la laver de bon vin tiède et mettre du miel et du sel, afin que le mal ne revienne, et remettre ensuite la verge dans la peau comme auparavant; on regardera ensuite chaque semaine si rien n’est revenu et on ne cessera d’enlever jusqu’à ce que l’organe soit bien assaini. Le fic vient aussi à la lice dans ses parties naturelles, tantôt dehors, tantôt dedans; quand il est dehors, tirez avec les mains comme j’ai dit et enlevez-le. S’il est dedans, faites ouvrir les parties par un autre et tirez-le dehors, puis mettez-y les choses susdites. Ces deux traitements d’une maladie dont beaucoup de chiens se perdent, tous les veneurs ne les savent pas. Les chiens ont parfois encore une maladie telle qu’ils ne peuvent pisser et s’en perdent. Il arrive aussi qu’ils ne peuvent chier et aussi s’en perdent. Pour celui qui ne peut chier, prenez la racine d’un chou, faites-la baigner dans l’huile d’olive et introduisez-la dans l’orifice, en en gardant assez dehors pour la tirer quand il faudra. Et s’il ne guérit pas ainsi, faites-lui un clystère, comme pour un homme, de mauves, de blettes, de mercuriel, un point de chacune, et de rue et d’encens; faites cuire le tout dans l’eau et mettez du son dedans; faites couler cette eau en y dissolvant deux drachmes d’aigret et de miel, de sel et d’huile d’olive ; enfoncez-lui le tout dans le cul et il chiera, ou encore prenez des grains de catapuce, autrement appelée épurge, pilez-les, détrempez-les dans du lait de chèvre ou du brouet, et donnez-en au chien par la gorge, à la mesure d’un verre. Et s’il ne peut pisser, prenez des feuilles de poireaux et de marrube blanc, d’armoise, de pariétaire, de morgeline, d’ortie et de persil, autant des unes que des autres, et qu’elles soient pilées avec du sain de porc, puis que cet emplâtre soit posé un peu chaud sur la verge et sur tout le ventre. Les choses qui sont obscures à entendre, vous les trouverez, et les apothicaires les entendront bien. Il vient également aux chiens des bosses dans la gorge ou sur d’autres parties du corps. Prenez alors de la mauve, de la guimauve et du lis blanc, faites-les piquer menu au couteau et mettez-les dans une cuiller de fer; mêlez les herbes susdites avec du sain de porc et placez-les sur les bosses et cela les fera mûrir, et quand elles seront molles, crevez-les avec une lancette, et quand elles seront crevées, mettez dessus un emplâtre tirant, et elles seront guéries. Il advient aussi que les chiens se battent et soient blessés. On doit prendre alors de la laine de brebis non lavée et de l’huile d’olive un peu chaude et baigner la laine dans l’huile; la poser ensuite sur la plaie du chien et l’y fixer. Et l’on fera cela pendant trois jours entiers. Ensuite, deux fois par jour, oignez la plaie d’huile sans rien mettre dessus et, s’il se lèche de la langue, il guérira, car la langue du chien porte remède, surtout à ses propres plaies. Et si, par aventure, les vers venaient sur la plaie, comme il arrive, ôtez-les chaque matin avec une aiguille de bois, et mettez-y du jus de feuille de pêcher mêlé à de la chaux vive, jusqu’à la guérison. Il arrive aussi que les chiens se cognent le genou de la jambe de derrière, que leur cuisse se dessèche et qu’ils s’en perdent. On appelle ces chiens estropiés ou effaussés : si vous voyez que cela leur dure plus de trois jours sans qu’ils posent le pied par terre, fendez-leur la cuisse en long et en travers et en croix sur le tour du genou d’arrière; puis mettez dessus de la laine baignée d’huile, comme j’ai dit plus haut, pendant trois jours entiers, puis oignez la plaie d’huile sans la bander, comme ci-dessus, car il se guérira de la langue, comme j’ai dit. Quand un chien est gravement estropié ou effaussé, il peut arriver qu’il reste une demi-année ou plus sans être bien rétabli. Il faut donc le laisser longtemps au repos, jusqu’à ce qu’il soit complètement guéri, qu’il ait cessé de souffrir, et que sa cuisse soit aussi grosse que l’autre, et si pourtant cela ne le guérit, faites-lui faire, comme à un cheval quand il est blessé, au-devant de l’épaule, une ortie et un séton de corde et il guérira. Il advient aussi que les chiens aient mal à la bourse des couillons, à cause de trop longues chasses et par déchirure, ou parce qu’ils sont morfondus comme les chevaux, ou que ne pouvant retenir une lice chaude leur désir leur tombe aux couillons, ou par suite d’un coup reçu en chassant ou autrement. A cette maladie, quelle qu’en soit l’origine, le meilleur remède est de faire une bourse de drap de trois ou quatre doubles, de prendre ensuite de la semence de lin mélangée dans un pot avec du vin, de laisser bouillir le tout, en remuant avec une spatule, et quand le mélange sera cuit, de le verser dans la bourse dessus dite, et, si chaud que le chien le pourra souffrir, de mettre les couillons dedans et de les maintenir bien serrés par une bande entre les cuisses et par-dessus l’échine, en laissant une ouverture pour dégager la queue et le cul et une autre devant pour la verge, afin que le chien puisse pisser. Et renouvelez cela chaque jour une fois ou deux, jusqu’à ce qu’il soit guéri. Si un homme ou un cheval souffre de ces maladies, c’est encore un très bon remède.