Historique sur les races fait à l’Assemblée Générale par M. Bachala lors du XXVe anniversaire du Club à Lauzerte
Je me dois de donner quelques informations sur la filiation de nos GRAND BLEU
J’ai eu la chance d’habiter BEAUMONT de LOMAGNE pendant six ans et là, j’y ai retrouvé un Beaumontois de vieille souche que j’avais perdu de vue, il m’a donné beaucoup de conseils et d’informations sur les origines de nos Bleu.
Il a fini de me créancer dans la voie du Bleu. Il s’appelait Elie BEAUDONNET. Son ami Monsieur GASQUET avec qui il chassait possédait des Bleu. Les premiers chiens de M. GASQUET provenaient du chenil du BRUKA où habitait le Baron de RUBLE lui-même tenant ses origines de la meute d’Henri IV.
Mais d’où venaient les chiens de « Nouste Henric » (Notre Henri) pour ceux qui ne comprendrait pas le Béarnais ?
Ils étaient les descendants de la meute de Gaston PHOEBUS. Et ceux de Gaston PHOEBUS, me direz-vous, quelle était leur origine ?
Là est l’énigme. La majorité des auteurs du XIXème siècle admettent que Gaston PHOEBUS venant de guerroyer en Pologne fit halte à l’Abbaye de Saint-Hubert. Ayant admiré la finesse de nez et la gorge de ces chiens, il rapporta quelques sujets en son Comté de FOIX et aussi en Béarn et, par sélection, ils devinrent les Bleu de Gascogne. Mais une autre hypothèse apparaît : Hubert évêque de Liège était né en Aquitaine. Ne serait-ce pas lui qui aurait emmené un Bleu en Belgique et les Chiens de Saint-Hubert descendraient alors des Bleu et non l’inverse ?
D’ailleurs pourquoi avoir d’aussi puissantes gorges et un si grand nez dans un pays plat et humide ?
Fermons la parenthèse sur ces toutes premières origines Monsieur SALOBERT de MEAUZAC (Tarn et Garonne) était aussi un grand chasseur de lièvres et un amateur de Bleu. Ses chiens provenaient du chenil de M. GASQUET. Après la fin de la guerre de 1939 – il céda un mâle « LUMINO » et une femelle « BLEUETTE » à Monsieur Gabriel THOMAS habitant Gasseras (hameau de la commune de Montauban). Ces sujets n’étaient pas tout à fait dans le standard, mais après une sévère sélection la taille s’éleva et l’espèce revint vite. Il s’éleva alors rapidement au sommet de la gloire avec » A’CONQUERANT de la Grande Forêt » et « COMTESSE de la Grande Forêt ». Puis Monsieur THOMAS vendit ses chiens et acheta des Anglo-Français tricolores pour chasser à courre le chevreuil dans la lande Lot et Garonnaise.
En 1955, je fis connaissance avec Monsieur ESCUDE qui était alors mon voisin à BEAUMONT de LOMAGNE. La passion de la chasse nous a rapprochés.
Il acheta une chienne à la limite inférieure de la taille et avec une tête assez étroite. Elle avait été produite par M. ADOUE boulanger à LABARTHE-ISNARD qui avait une vieille origine. Elle s’appelait HERMIONE, M. ESCUDE acquit ensuite un mâle à la limite supérieure de la taille avec une excellente tête. Le croisement donna le départ de l’élevage avec KIMONO, KALINO, KINETTE, KALOISE et KINOISE.
De très nombreux sujets ont dans les veines du sang « des Bords de la Gimone«
A l’époque, M. GAURY avait aussi des Bleu « d’origine Bordelaise » mais pas de couleur lie de vin.
M. CHERBE du Tarn éleva quelques Grand Bleu. Vous allez me dire, mais tous ces chiens étaient consanguins. Eh bien non, car dans les Landes et surtout dans le Gers il y avait de très nombreux chiens bleus non inscrits, qui servaient à faire de la retrempe après inscription à titre initial.
Au départ, il fallut reconquérir l’espèce : la tête, les grandes oreilles fines et papillotées et le long fouet porté en sabre Cela demanda un certain temps. Puis le Club, dès 1975, commença à organiser les épreuves de chasse et nous en sommes aujourd’hui à avoir des Grands Bleu très chasseurs, beaucoup mieux construits, sans apport de sang anglais, et qui ont beaucoup d’espèce quoique les oreilles ne soient pas aussi fines et aussi papillotées que les décrit le standard !
A l’époque deux juges, aussi éminents l’un que l’autre s’opposaient sur la morphologie, l’un préférait les têtes étroites (ce qui nous permit d’augmenter la taille) et l’espèce, l’autre les crânes plutôt larges et une excellente construction. Lorsqu’ils cessèrent de juger, le Club décida de respecter le standard qui mentionne pour la tête « plutôt forte et de forme allongée », et d’éliminer progressivement les « têtes de brochet » et les « salières ». Cette mutation est maintenant presque terminée et nous avons des têtes conformes au standard pour la plupart.
Le plus inquiétant dans cette race, c’est le nombre de naissances. L’apogée eut lieu en 1967 avec 679 alors que nous n’en avions que 630 en 1992
PETIT BLEU DE GASCOGNE
Presque toutes les grandes races ont leur briquet, c’est à dire un chien de plus petite taille avec moins d’espèce, exemple : le Grand Griffon Vendéen et le Briquet Griffon Vendéen, le Grand Fauve de Bretagne (aujourd’hui disparu) et le Griffon Fauve de Bretagne.
Notre Briquet n’en est pas un, car il chasse comme un chien d’ordre et non comme un briquet.
Il est plus petit que le Grand Bleu. Le standard officiel mentionne 52 à 60 cm pour les mâles et 50 à 56 cm pour les femelles
Le Club a déposé un dossier à la Société Centrale Canine pour demander une diminution des tailles à 58 cm maximum. Ceci afin de les harmoniser à celles des autres races de chiens français chassant le lièvre d’une part et aussi, et c’est la raison majeure, parce qu’il est très difficile d’avoir des chiens de 60 cm construits comme le veut le standard du Petit Bleu. Il y a très souvent un retour au type Grand Bleu dont il est issu.
La première inscription de naissance a été enregistrée en 1970. Pendant une dizaine d’années la progression fut minime passant de 1 à 83 en huit ans, puis la courbe se redressa de manière vertigineuse puisque nous passons de 83 en 1979 à 1144 en 14 ans.
Comment peut-on expliquer cette performance ? Peut-être le Petit Bleu est un chien qui réunit les qualités des chiens du Midi = nez, gorge et que c’est en outre un excellent chasseur de lièvres en terrains difficiles. Il est utilisé pour le sanglier et se complait aussi dans la voie du chevreuil devenu le grand envahisseur de la France entière.
Donc, au niveau nombre de sujets et qualité chasse c’est très bien. Ils sont nombreux en épreuves. Reste le modèle. Le type s’est bien amélioré mais nous ne sommes pas tout à fait au « top niveau » pour parler comme les jeunes.
Ce qui veut dire qu’il reste encore quelques efforts à faire pour maintenir la taille vers 55-56 cm et améliorer L’espèce en tête
BASSET BLEU DE GASCOGNE
Comme beaucoup de races ont «leur briquet » beaucoup ont aussi leur basset et le bleu ne fait pas exception.
Comment ont-ils été fabriqués ? Leur origine reste très confuse. Plusieurs éleveurs auraient eu dans leurs portées des bassets et Monsieur LEBLANC écrit dans son livre « les Bassets Courants », Alain BOURBON n’est peut-être pas le père du Basset Bleu de Gascogne, mais il en est au moins le père adoptif. : Il fut le premier à se lancer dans l’élevage suivi de cette race :
Le cheptel de cette race a été longtemps le plus important de notre club
Parti sur de bonnes souches, il y eut par la suite quelques saillies malheureuses dues à un mauvais étalon. De là naquirent les mauvais aplombs, les antérieurs déviés, bouletés. A cela viennent s’ajouter, plus récemment, des déformations costales (côtes en violon) et des sternums trop courts.
A force de sélection, les aplombs se redressent progressivement. Il n’en est pas de même des côtes car personne n’a encore, à ma connaissance, trouvé l’origine de ce qui devient un défaut majeur et qui se reproduit merveilleusement bien.
Pour eux aussi nous avons perdu un peu d’origine parce que plusieurs infusions de sang étranger ont été faites en vue d’améliorer les aplombs Nous avons perdu cette belle « tête sèche en ogive allongée », et cette oreille si typique de la race. Toutefois les efforts des éleveurs sont récompensés, elle s’améliore petit à petit, les oreilles s’allongent et sont plus fines.
Je crois que la difficulté d’homogénéité, tient au fait que les adhérents ne participent que peu aux expositions et qu’ils ne possèdent à quelques exceptions près qu’un ou deux sujets. Autrement dit, il manque le contact entre producteurs Il faut reconnaître aussi qu’il y a peu de lignées.
En conclusion, reste encore beaucoup de travail de sélection à effectuer en beauté.
En travail, un très petit nombre de basset bleu participe aux épreuves de chasse. Ils s’y classent honorablement puisque nous avons des champions de travail.
GRIFFON DLEU DE GASCOGNE
Les détracteurs disent que c’est une rare moderne, créé pour les besoins de la cause. Faux puisque le premier standard du Petit Griffon Bleu de Gascogne fut établi en 1920 par Mr la Marquis de MAULEON, Président d’honneur de la société canine du Gers, Mr B. SENAC-LAGRANGE, président de la société canine du Gers ; Mr CAMBOURS, vice-président, Mr le baron de BATZ membre du comité. Tous étaient membres de la « commission spéciale des standards du grand chien courant bleu de Gascogne, du chien bleu de Gascogne de petite taille et du griffon bleu de Gascogne ». (Document daté de 1921)
Cette race avait déserté les dossiers de la société centrale canine. Il y avait 10 les chiens inscrits au L.O.F. avant 1977 dates de leur apparition sur nos statistiques avec quatre sujets ? Quatre ans après on notait 104 inscriptions et 704 en 1992.
On trouve l’origine de cette race dans le piémont pyrénéen. Ces chiens sont appelés dans cette région des bleu griffonnés car la plupart n’ont pas le poil aussi long que les griffons dont ils seraient issus, mais quel griffon est à l’origine des croisements ? Aucun auteur n’a porté de précision.
Est-ce du vendéen, du nivernais, ou du breton. Mais peu importe, la race est maintenant bien établie et en forte progression. Ce chien a été créé pour chasser le lièvre. Le standard lui attribue une petite taille 53 cm. Les griffons bleus actuels sont surtout utilisés pour chasser le sanglier. De nombreux utilisateurs ont voulu « monter » la taille jusqu’à 60 cm et plus. Après plusieurs réunions de comité consacrées à ce sujet le Club déposa à la S.C.C. un dossier demandant l’augmentation de la taille jusqu’à 58 cm maximum. Vous verrez demain de très nombreux sujets avoisinant cette hauteur au garrot et même la dépassant.
Au niveau standard, les diverses lignées se sont bien harmonisées et la production s’uniformise, mais avec une taille un peu élevée.
Au niveau travail, ce sont des chiens très chasseurs et de nombreux sujets se présentent en épreuves de chasse avec beaucoup de succès. Ils ont remporté la dernière Coupe de France sur lièvre ici même à LAUZERTE lors de la saison de chasse 1990 1991
GRAND GASCON SAINTONGEOIS
L’origine de ces chiens est précise puisque relativement récente. Le Baron Joseph de CARAYON-LATOUR tenait ses Saintongeois de M. le Comte Henri de ST-LEGIER qui avait conservé les chiens d’origine du Marquis de la PORTE AUX LOUPS sauvés de la Révolution de 1789.
Cette race était fragilisée par une consanguinité excessive, M. de CARAYON-LATOUR décida – étant fort opposé au croisement avec des chiens anglais, alors à la mode – de croiser ses Saintongeois avec les Bleu de Gascogne au Baron de RUBLE au Château du Bruka près de AUCH (Gers)
Le croisement fut effectué en 1837 (d’après le catalogue de la première Exposition Canine des Tuilerie en 1863) d’autres documents parlent de 1846. Ce croisement franco-français ne régénéra pas le sang de Saintonge, il le modifia pour créer une nouvelle race, tant le sang Bleu de Gascogne est dominant.
Une meute de Gascon Saintongeois du Baron de CARAYON-LATOUR eut les honneurs de l’Exposition de 1863 au « Jardin des Tuilerie ». Elle obtenait non seulement le grand Prix d’honneur des meutes, mais les félicitations de tous les veneurs, et fit la une des grandes revues spécialisées de l’époque.
Dans les portées de nos Bleus, qui descendent de ceux que possédait M. de RUBLE, naissaient souvent des chiens blanc et noir. C’est à partir de ces sujets, qu’à la suite d’une très sévère sélection, nous avons réussi à recréer la race qui, en 1974 seulement, possédait 9 sujets inscrits. Il fallut cinq ans pour arriver à 50 naissances, puis l’année d’après, nous enregistrons : 125 et 752 en 1992.
Nous avons actuellement un cheptel de qualité moyenne avec quelques excellents sujets. La race peut s’enorgueillir d’avoir eu un Grand Gascon Saintongeois classé meilleur sujet au »Festival de VICHY » devant 123 meutes de Grande et Petite Vénerie
Ce cheptel a un peu abandonné le Sud-ouest pour s’implanter dans la vallée du Rhône et de la Saône. Ces chiens se sont révélés d’excellents chasseurs de chevreuil, de sanglier et aussi de lièvre.
Au niveau modèle, nous devons encore affiner la tête et surtout alléger la babine et diminuer la commissure des lèvres. La construction s’est rapidement améliorée
PETIT GASCON SAINTONGEOIS
Le standard de 1930 portait la mention suivante : « Pour les gascon Saintongeois composant quelques équipages de lièvres dans le Sud-ouest, la taille s’est réduite de 6 à 7 cm tant chez les mâles que chez les femelles »
Le Club demanda, à la S.C.C. dès 1970 que cette race possède deux tailles. Ce désir fut pris en considération et le standard du Petit Gascon Saintongeois porte le n°22 bis et la date du 6 Octobre 1977 sous en tête de la Fédération Cynologique Internationale.
Les critères sont exactement les mêmes que pour le Grand à l’exception de la taille. C’est la race de notre Club ayant le plus petit effectif : 106 naissances pour un cheptel de 370 sujets. Ce petit chien semble vouloir reprendre sa revanche et retrouver la place qu’il mérite. C’est un excellent chasseur de lièvre qui arriva troisième à la dernière Coupe de France à LAUZERTE en 1991.
Au niveau du modèle nous avons demandé à ce que la taille descende à 58 cm maximum car, comme pour le Petit Bleu de Gascogne, il est très difficile de rester en dessous de 60 cm.
ARIEGEOIS
L’origine de cette race est assez vague, le Comte Elie de VEZINS écrivait dans le compte rendu des épreuves de meutes du club « Gaston PHEBUS » (les premières ayant été organisées en France et dans le Monde entier) qui eurent lieu à la BASTIDE de CEROU (Ariège) en 1910 et 1912 : « le Chien de l’Ariège est issu du croisement du chien d’ordre Gascon ou Saintongeois avec des briquettes d’Ariège bien choisies. Ce produit de demi sang appelé d’abord chien coupé se distingua des le début par des qualités si exceptionnelles pour la chasse du lièvre que les veneurs de l’Ariège s’empressèrent de perfectionner son élevage et de fixer peu à peu par sélection intelligente et suivie les caractères typique de cette nouvelle famille qui a pris définitivement le nom de race d’Ariège. »
En 1969 nous n’avons eu que 3 naissances inscrites. Ce chiffre est passé à 321 en 1992. Avec un cheptel supposé vivant de 1439 sujets.
Le début a été assez difficile car le sang briquet dominait d’où un stop trop marqué et un manque de taille évident. Par sélection, le stop est-devenu ce que préconise le standard, quand à la taille elle est passée de moins de 50 cm à plus de 60 sur certain sujet. Maintenant nous avons le défaut inverse, la construction et l’espèce ont toutefois été retrouvées.
La race est en très nette progression, car ce chien allie les qualités de lanceur du briquet à celle de meneur du chien d’ordre qui soit de Gascogne ou de Saintonge. De part ses origines on peut chasser plus facilement avec deux ou trois Ariégeois qu’avec le même nombre de chiens des autres races de notre Club.
En conclusion, il faut maintenir la taille dans les 56, 58 cm, continuer à amenuiser le stop et éviter les oreilles trop longues. N’oublions pas que les standards successifs même le 1er qui date de 1908 mentionnent : pas de ride, ni de fanon.
u..